Avec leur allure exotique, leurs cannes parfois colorées, leur fin feuillage persistant qui bruisse au moindre souffle de vent, les bambous ont quelque chose de fascinant. D'autant que leur croissance rapide les rend souvent incontournables dans les haies. C'est pourquoi tout amateur de bambou peut être tenté de le multiplier pour obtenir de nouveaux sujets à planter ailleurs dans son jardin ou à offrir à ses proches ou voisins. En matière de multiplication de végétaux, plusieurs techniques existent : bouturage, marcottage, greffage, division de touffes...Mais les bambous ne peuvent être multipliés que d'une seule façon : par division de rhizomes. En tant que spécialiste des bambous, le Châtel des vivaces vous explique comment multiplier un bambou.

La spécificité des bambous, des plantes à rhizomes

Les bambous sont des graminées dotées d'un système racinaire particulier. Il se développe en effet à partir de rhizomes qui sont en fait des tiges souterraines. Ces rhizomes diffèrent donc des racines par leur horizontalité et leur capacité à produire des tiges aériennes et des racines.
Dans leur très grande famille, les bambous se différencient par leur type de rhizomes. Certains sont leptomorphes c'est-à-dire traçants, et d'autres pachymorphes, c'est-à-dire non traçants.

Les bambous aux rhizomes traçants ont tendance à l'envahissement, tout simplement parce que leurs rhizomes, longs et minces, produisent tout à la fois de nouvelles cannes et de nouveaux rhizomes. De plus, ils poursuivent leur développement sous le sol, parfois jusqu'à 5 mètres en une année pour les variétés les plus prolifiques. La pose d'une barrière anti-rhizomes est obligatoire pour les contenir et éviter qu'ils n'aillent envahir le jardin du voisin ! Entrent dans cette catégorie des bambous traçants les Phyllostachys, les Pleioblastus, les Sasa et Pseudosasa, les Arundinaria...

En revanche, les rhizomes non traçants des bambous cespiteux ne produisent pas de nouveaux rhizomes et se développent de façon ramassée. Entre dans cette catégorie les différentes variétés de Fargesia.

La multiplication des bambous par bouture de rhizomes

La manière la plus simple de multiplier des bambous est donc la bouture des rhizomes. C'est en fait l'équivalent de la division de touffes pour les vivaces. Il s'agit de prélever un tronçon du rhizome et de le replanter ailleurs. Une technique simple et efficace !

    Pour autant, quelques précautions s'imposent :
  • Intervenez en fin d'hiver, idéalement au mois de mars, ou éventuellement en automne, deux périodes pendant lesquelles le bambou est en dormance mais les bourgeons sont latents
  • Évitez absolument la période à laquelle le bambou produit de nouveaux turions. Ils sont visibles car ils affleurent au niveau du sol
  • Ne multipliez que les bambous âgés d'au moins 3 ans afin qu'ils aient le temps de s'installer
  • Faites ce bouturage de bambou par temps pas trop chaud. Arrosez bien pour que le sol soit suffisamment humide pour faciliter le prélèvement des rhizomes.

La technique pour division de touffe pour les bambous traçants

    Avant de prélever une motte, il est primordial de préparer leur transplantation :
  • Creusez vos trous de plantation aux endroits sélectionnés d'au moins 25 cm de profondeur
  • Ameublissez le fond du trou
  • Faites un apport de compost bien décomposé

À présent, vous pouvez repérer une ou plusieurs chaumes qui auraient poussé loin du pied mère :

  • Avec une bêche tranchante, d'un coup sec, coupez le rhizome entre le pied mère et la nouvelle canne
  • Déterrez la motte autour de la canne
  • Raccourcissez les chaumes en gardant quelques nœuds
  • Replantez dans le trou de plantation
  • Tassez et arrosez abondamment.

Il vous faudra installer une barrière anti-rhizomes pour limiter la croissance de ce bambou en devenir.

La méthode pour diviser les bambous non traçants

Pour les bambous non traçants, le prélèvement de rhizomes est n’est pas possible. Il va falloir en effet creuser (avec délicatesse) autour de la motte pour arracher un morceau de bambou comportant des cannes et des racines. Pour ce faire, il est préférable d'utiliser une bêche bien affutée pour éviter d'abîmer les rhizomes.

Ensuite, il va vous falloir sectionner une motte avec 4 ou 5 cannes. Utilisez un sécateur bien aiguisé, propre et désinfecté.

Enfin, il ne vous reste plus qu'à replanter la motte sélectionnée, suivant les consignes précédentes. Faites un trou un peu plus profond que la motte et ameublissez bien le fond du trou. Ajoutez du compost, arrosez copieusement et paillez le sol.

La division des bambous en pot

    Si vous cultivez vos bambous en pot, la technique est assez similaire :
  • Remplissez les nouveaux pots à moitié de terreau auquel vous pouvez ajouter un engrais riche en azote à diffusion lente
  • Humidifiez la motte en l'arrosant
  • Sortez la motte de bambou de son pot et couchez-la
  • À l'aide d'une scie, divisez la motte en 2 ou 3 parties
  • Coupez légèrement les petites racines avec un sécateur
  • Installez la motte prélevée dans le pot en prenant la précaution de bien tasser la terre pour éviter les bulles d'air
  • Remplissez le pot avec le reste de terre et tassez à nouveau
  • Arrosez copieusement.

Et après ?

Il est primordial d'arroser régulièrement après la transplantation d'un rhizome ou d'une motte afin de garantir une bonne reprise. Mais pour autant il est inutile de le noyer au risque de faire pourrir le bambou.
Les bambous en pot seront placés à la lumière, mais pas au soleil direct.

Le bouturage de tige, uniquement pour certains bambous

Seuls les bambous d'origine tropicale comme les Bambusa ou les Dendrocalamus se bouturent à partir d'un morceau de chaume. En effet, ces chaumes disposent de bourgeons nodaux. Il suffit d'enterrer, à l'horizontale et à une profondeur de 10 cm, ce morceau de canne dans un mélange de terreau et de sable. Le pot sera maintenu à une température de 20 °C. Au bout de 4 à 6 semaines, la prise de la bouture doit être effective.